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mardi 8 janvier 2013

La sécurité intérieure de l’UE, un chef d’œuvre impressionniste ?


La sécurité intérieure européenne s’apparente à une oeuvre picturale. Le tableau, loin d’être achevé, prend néanmoins forme sur un mode impressionniste : une série de touches qui se superposent, des couleurs vives, des jeux d’ombre et de lumière… L’ensemble de ces touches constitue un ensemble cohérent même s’il est difficile encore de cerner toutes les formes et tous les personnages composant l’oeuvre.
Cela étant dit, cette sécurité intérieure européenne s’apparente-t-elle à un chef-d’oeuvre des maîtres impressionnistes ? Tout dépend du point de vue où l’on se place pour regarder le tableau : ses admirateurs y verront le travail d’un peintre à la main encore mal assurée, mais dont les traits de génie sont incontestables. Les plus critiques ne manqueront pas de mettre en exergue une juxtaposition maladroite de couches de couleur bien loin des règles issues des traditions étatiques. Quoi qu’il en soit, la sécurité intérieure européenne s’apparente bien à ce que fut l’impressionnisme en tant que courant artistique il y a plus d’un siècle : un renouvellement de la peinture avec la remise en cause des codes établis.


Plan

1. Entre tons clairs et teintes plus obscures
2. Une oeuvre par petites touches et par grands traits
3. Les affaires « Schengen » et « PNR » ou le choix délicat des nuances
4. La gestion des frontières : de l’eau dans la peinture à l’huile ?
5. Les couleurs vives du tableau : frontières extérieures, immigration clandestine et confiance mutuelle
6. Les jeux d’ombre et de lumière de la coopération policière

Conclusion

Alors la sécurité intérieure européenne est-elle un chef-d’oeuvre impressionniste ?
Le tableau est encore une ébauche et l’oeuvre n’est guère conséquente pour le moment. Il faut aussi se rappeler qu’il s’agit d’un sujet récent ayant trait à un thème sensible. Certaines réalisations picturales mettent des années à voir le jour et il faut toujours laisser le temps à la peinture de sécher. Si l’on s’en tient à une lecture stricte du traité de Lisbonne entré en vigueur le 1er décembre 2009, la sécurité intérieure demeure une compétence des États membres et il s’agit même d’une compétence réservée.

Dans cette optique, la sécurité intérieure européenne est transgressive. À travers l’ensemble des mesures mises en oeuvre ou à venir, elle exprime la créativité des institutions européennes et des États membres pour dépasser les schémas existants en matière d’entraide répressive dans le contexte d’enjeux sécuritaires renouvelés depuis les attentats terroristes sur le sol européen et la pression  migratoire constante il y a maintenant plus d’une décennie.

Certains pourront toujours déclarer que l’Union empiète indûment sur le pré carré national. Il n’empêche, la sécurité intérieure européenne est une ambition européenne brisant les carcans juridiques comme le fut l’impressionnisme au XIXe siècle. Elle déborde le cadre national en s’affranchissant d’une série de principes établis pour trouver des solutions nouvelles. Elle surmonte les rigidités étatiques afin de faire face aux défis du XXIe siècle, comme le terrorisme, la criminalité organisée ou l’immigration clandestine. Elle bouscule nos habitudes de pensée en changeant notre rapport à l’État entendu comme État protecteur. Finalement, elle modifie notre manière de voir la sécurité et notre façon d’appréhender ce qui nous menace.


Consulter l’intégralité de l'article dans le volume n° 21 des Cahiers de la sécurité

Pour citer l'article :
Pierre Berthelet, « La sécurité intérieure de l’UE, un chef d’œuvre impressionniste ? », Cahiers de la sécurité, n° 21, octobre 2012, p. 142-147.



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