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lundi 5 janvier 2015

Un budget d’Europol en baisse, mais une activité en hausse



L’office européen de police a présenté son rapport 2014 faisant le bilan de son activité en 2013, dans lequel il indique qu’avec 82,5 millions d’euros alloués pour ses activités, le budget 2013 est en constante baisse depuis 2010, alors même que 2012 marquait déjà une réduction budgétaire (84,15 millions d’euros) (à découvrir sur securiteinterieure.fr : pour l'année 2011,  Rapport 2011 d'Europol : la croissance de l'office de police se poursuit, et pour l'année 2012, Europol confirme sa qualité de centre névralgique de la coopération policière européenne).

Malgré de telles contraintes, l’activité opérationnelle d’Europol s’est intensifiée, tant au niveau du volume que du champ d’activités menées.
En 2013, Europol est intervenu sur environ 18.300 cas d’arrestations, fraudes, trafic, etc., soit 15% de cas supplémentaires qu’en 2012, et 120% qu’en 2005.


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En outre :

  • 850 personnes travaillent au siège d’Europol en 2013, (soit 50 personnes supplémentaires comparé à 2012);
  • 160 officiers de liaison travaillent à Europol;
  • les principaux fournisseurs d’informations ont été la Belgique, l’Angleterre, la France, l’Espagne et les Pays-Bas;
  • l’organisation a coopéré avec 21 organisations et pays tiers (18 Etats non-membres de l’UE et trois organisations internationales).


En 2013 a eu lieu une conférence sur la cybercriminalité réunissant Europol et Interpol et à laquelle ont participé 260 praticiens, experts de l’application du droit et des acteurs du secteur privé de 42 pays.
Europol a aussi hébergé en 2013 la convention européenne des chefs de police (EPCC) au sein de ses locaux, accueillant plus de 200 chefs de police des 52 Etats et organisations internationales différentes.

Le soutien opérationnel 

Europol est intervenu sur 18300 cas en 2013. Le travail d’Europol a trois missions principales: le soutien opérationnel ; le partage et l’échange d’informations, et l’expertise. En ce qui concerne la première mission, Europol a, par exemple, coordonné et financé des réunions opérationnelles relatives au travail d’investigation transfrontalier. Le bureau mobile d’Europol est intervenu 90 fois afin de fournir une analyse opérationnelle à des Etats ; son activité est stable par rapport à l’année dernière.

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En 2013, Europol a renforcé son activité de partage d’informations, notamment par l'intermédiaire de son réseau SIENA et de l’EIS (Europol Information System).

SIENA est un réseau permettant la communication et l'échange d’informations opérationnelles et stratégiques sur la criminalité entre Europol, les États membres et des pays tiers.

L’activité du réseau est en expansion en 2013: 18310 enquêtes ont été ouvertes, et 456 598 messages opérationnels échangés, ce qui correspond à une augmentation de 10% par rapport à l’année précédente. Son activité concerne 4150 utilisateurs dont les 28 Etats membres et 42 pays tiers.
Comme en 2012, la plus grande part des enquêtes de criminalité traitée par SIENA est liée au trafic de drogues (24%).
La part des autres types de criminalité est stable par rapport à 2012 : les fraudes et les escroqueries représentant 16% des cas, les vols 12%, le blanchiment d’argent 11% et l’immigration illégale 9% des cas.

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Par le biais du SIENA, le réseau d’échange d’informations d’Europol, 18 310 enquêtes ont été ouvertes en 2013 (un chiffre en hausse de 15% par rapport à 2011). Ces enquêtes concernaient principalement :

  • Le trafic de drogue, pour 24% des cas (contre 29% en 2012) ;
  • La fraude et l’escroquerie, 16% des cas (contre 15% en 2012) ;
  • Le vol, 12% des cas (contre 11% en 2012) ;
  • Le faux-monnayage,11% des cas (contre 9% en 2012) ;
  • L’immigration clandestine, 9% des cas (contre 8% en 2012).

Toujours concernant le SIENA, un autre chiffre confirme la hausse de l’activité d’Europol : 456 598 messages ont été échangés en 2013, soit une hausse de 10% par rapport à l’année précédente.
L’année 2013 a vu se renforcer l’échange d’information en matière de lutte contre le blanchiment d’argent en Europe.
Un projet de sécurisation de SIENA pour les 21 unités nationales de dépistage et d'identification des avoirs criminels de chaque État membre est actuellement en cours.

Enfin, Europol se distingue aussi en 2013 par le développement de la plate-forme Europol pour les experts (EPE), mutualisant les savoirs et les compétences des experts européens en matière de crime et de loi contre le crime à travers des forums sécurisés en ligne.
Initiée en 2011, la plate-forme a vu son nombre d’utilisateurs doubler par rapport à 2012, avec plus de 4,419 utilisateurs. 2013 marque aussi le lancement officiel de la nouvelle plate-forme de l’EPE dédiée à l’EC3 : SPACE – Plate-forme des experts accrédités en cybercrime. Celle-ci est notamment consacrée à la coopération des spécialistes dans la lutte contre la pédophilie et la fraude bancaire en ligne.


Un recours du Système d’Information Europol (SIE) plus fréquent 

Fin 2013, le SIE contenait 245 000 documents, soit une augmentation de 31 % par rapport à fin 2012. Le nombre de criminels suspectés/accusés a presque doublé par rapport à 2012, avec plus de 70 917 personnes rentrées dans le système (soit 47% de plus qu’en 2012). En 2013, les principaux cas de criminalité traités par Europol concernent :

  • le trafic de drogue: 29 % ;
  • le vol aggravé : 18 % ;
  • le faux-monnayage: 10 % ;
  • l’immigration clandestine : 9 % ;
  • la fraude et escroquerie : 7 %

Ce système reçoit un intérêt croissant de la part des Etats-Membres, puisque certains pays comme la Finlande, ont choisi de télécharger leurs données nationales auprès du SIE afin d’alimenter la base de données. En 2013, la mise en place de cette automatisation a permis à la Finlande de trouver plus de 17 correspondances sur des investigations criminelles en cours dans d’autres Etats membres (Danemark, Suède, Estonie et Allemagne).

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Une autre mission d’Europol en 2013 a été de fournir une expertise aux Etats membres. D’une part, Europol fournit une expertise technique et criminalistique aux Etats membres. Ces derniers peuvent bénéficier de laboratoires spécialisés et des bases de données pour poursuivre leurs investigations sur des activités liées à la criminalité et au terrorisme.
D’autre part, Europol favorise la mise en commun des expertises, notamment grâce à sa plateforme d’experts (Europol Platform for Experts) et à ses communautés virtuelles (telles que la Secure Platform for Accredited Cybercrime Experts créée en 2013), dont le nombre d’utilisateurs a doublé en 2013, atteignant 4 419.


Quelques exemples d’opérations

  • Opération Casablanca

Cette opération est singulière car il s’agissait de démanteler un réseau impliquant des club de motards Hells Angels de plusieurs pays, suspectés d’un large spectre d’activités criminelles comme des tentatives de meurtres, de traite d'êtres humains, de drogue et d’armes,  de fraude, de blanchiment d’argent ou de corruption, depuis Palma De Majorque.
Tous les services d’Europol sont mobilisés pour une opération qui demande préparation stratégique, centralisation d’informations et deux raids policiers d’envergure. Au bout de moins de deux ans de travail, le réseau est démantelé avec l’arrestation de 42 criminels, la perquisition de 31 domiciles donnant lieu à la saisie de biens de luxe, de drogues, et d’argent liquide.

  • Opération Fimathu

L’opération Fimathu visait un réseau criminel de trafic humain facilitant l’immigration illégale du Moyen-Orient vers l’UE, recrutant les migrants en Turquie et les faisant passer clandestinement par les Balkans occidentaux.
Ce fut la plus grande opération contre la traite d'êtres humains menée en Europe, avec plus de 1200 policiers mobilisés, la création d’un Centre  de Coordination au sein d’Europol, de nombreuses réunions opérationnelles et des raids dans de multiples Etats européens et en Turquie. L’opération a a débouché sur :

  • 103 suspects de multiples nationalités arrêtés, 
  • une centaine de perquisitions dans 14 Etats européens, 
  • 75 000 clandestins identifiés dans les Balkans occidentaux, 
  • la saisie d'argent liquide, d'armes et de matériel informatique. 


  • Opération Ellenika

Cette opération visait à mettre un terme à un trafic d’héroïne en provenance d’Afghanistan acheminée en Italie via le Kosovo, la Bosnie-Herzégovine et l’Albanie.
Cette opération de longue haleine (plus de 4 ans), a notamment impliqué la mission civile européenne au Kosovo EULEX, de nombreux acteurs étatiques( Italie, Turquie et pays des Balkans occidentaux). L'opération a permis l’arrestation de 71 suspects, la saisie d’une tonne de stupéfiants incluant 500 kilos de cannabis et 500 kilos d’héroïne.

L’EC3 

Une des plus importantes activités d’Europol en 2013 est liée à la création du Centre européen de lutte contre la cybercriminalité (European Cybercrime Center), dont les activités ont commencé le 1er janvier 2013.

L’EC3 a notamment apporté son soutien lors de « l’opération Ramsom », initiée par la police espagnole. Sur la base des indications de l’EC3, cette opération a permis le démantèlement du réseau le plus important et le plus complexe de racket par Internet. L’enquête avait débuté au mois de décembre 2011 depuis le centre opérationnel d’Europol à la Haye après que 6 pays aient reporté plus de 20 000 victimes du virus.

Des dizaines de milliers d’ordinateurs ont été touchés et les criminels auraient gagné plus d’un million d’euros par an. Lors de l’arrestation, la police espagnole a également saisi plusieurs ordinateurs, 200 cartes de crédit et plus de 26 000 euros en espèces. Europol a permis un soutien opérationnel aux enquêtes sur le terrain et le recoupement d’informations des différentes agences nationales. Il a aussi mené des campagnes de sensibilisation auprès des citoyens européens.
L’ouverture de l’EC3 s’est accompagnée de la création d’un centre cyber multidisciplinaire (une plateforme de collaboration entre le secteur privé, académique et juridique), et de la première conférence conjointe sur la cybercriminalité d’Europol-Interpol, regroupant plus de 260 experts de plus de 42 pays.



Résumé du rapport fait sous la supervision de securiteinterieure.fr par les étudiants du Master Sécurité, Intelligence et Gestion des risques (SIGR) de Sciences Po Lille dans le cadre du cours "Sécurité intérieure et menaces transnationales".


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