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samedi 7 mars 2015

La vidéosurveillance (n’)est (pas) morte, vive la reconnaissance faciale (et comportementale) !


"Le roi est mort, vive le roi !"
"La vidéosurveillance "bête" est morte, vive la surveillance "intelligente" !" pourrait-on dire.

La reconnaissance faciale, décrite comme le nouvel outil miracle pour combattre la criminalité et lutter contre l’insécurité, va très certainement devenir l’objet de discussions enflammées ces prochaines années en France (pour un aperçu du débat, voir l'article de securiteinterieure.fr : Faut-il installer des caméras de vidéosurveillance ? Etat des lieux des discussions en France).

Le Royaume-Uni, qui a un temps d’avance comme toujours en matière de solutions technologiques anti-criminalité, a fait l’objet il y a quelques semaines d’une polémique sur la constitution d’un fichier susceptible d’alimenter les logiciels de reconnaissance faciale.

Mais plusieurs pays de par le monde se montrent précurseurs en la matière en déployant déjà ce type de vidéosurveillance intelligente (et sur une problématique similaire sur la question de la surveillance des frontières européennes par des outils intelligents "smart borders", voir sur securiteinterieure.fr : Frontières électroniques de l’UE : le Sénat reste vigilant sur la protection des données et Le projet européen de surveillance électronique des frontières extérieures progresse  et Les frontières intelligentes : une bonne initiative pour lutter contre l'immigration clandestine et la criminalité ?).

C'est le cas des douanes américaines qui ont lancé récemment un programme de reconnaissance faciale ("1:1 Facial Recognition Air Entry Pilot") pour débusquer les "imposteurs", c'est-à-dire les détenteurs de passeports obtenus frauduleusement.

L’affaire du "Police National Database"

Un article de la BBC révèle que des centaines de milliers de visages de personnes ont été stockés par la police dans une base de données policière (le Police National Database (‘PND’)).
Le problème que les données concernant ces visages ont été chargées dans cette base sans l’approbation du Home Office.

En cause, 18 millions de visages de personnes arrêtées (et prises en photo) ont été réunis par la police anglaise (et du Pays de Galles) « dans le respect de la loi sur la protection des données à caractère personnel » affirme-t-on de source policière.

Une autorité administrative indépendante, le Biometrics Commissioner, s’est inquiété de l’élaboration d’une telle base de données dans son rapport annuel d’activité. Elle s’interroge sur sa légalité et se montre réservée sur l’efficacité de la reconnaissance faciale.

Des mégabases combinées à des logiciels dits performants

Alors que l’intérêt relatif à la vidéosurveillance semble s’essouffler outre-Manche, eu égard à sa faible efficacité (et pour la France, lire l'article critique de Bug Brother : Les caméras de vidéosurveillance sont aussi efficaces que des « boites en carton peintes en noires sur des poteaux » ), l’attention se cristallise sur ce fichier des personnes suspectes destiné à alimenter les logiciels de reconnaissance faciale.

Si le débat porte sur la légalité de cette base de données, il concerne aussi l’efficacité des logiciels de reconnaissance faciale utilisés par la Police Métropolitaine de Londres (qui en attendant une clarification législative à ce sujet, a suspendu le chargement de la base, selon cet article de la BBC), la police aux frontières et les services de renseignement. 
Un spécialiste policier interviewé toujours dans cet article, convaincu de l’efficacité de la reconnaissance faciale, estime que ce procédé pourrait être plus utilisé à l’avenir que les empreintes digitales ou ADN.

Or, le FBI a déjà franchi le pas. Il a en effet établi depuis plusieurs années une immense de données biométrique appelée Next Generation Identification (NGI)
Ce système qui rassemble des images de visages est destiné à remplacer sa base de données d’empreintes digitales. Elle devrait contenir 52 millions de personnes cette année et pas uniquement des criminels. 
Cette base de données dite « de nouvelle génération » devrait également stocker les données de visages de personnes qui, en temps normal, postulent pour un emploi requérant la prise d’empreintes digitales.

Des outils censés mieux traquer les criminels et résoudre plus rapidement les enquêtes non élucidées 

De son côté, la police irlandaise vient d’investir 11 millions d’euros dans l’achat d’un système de reconnaissance faciale dénommé Evo-Fit system. Il s’agit d’un système de reconstitution faciale destiné à permettre aux témoins d’un crime d’identifier son auteur.
Quant à l’entreprise NEC, elle a élaboré un logiciel dénommé NeoFace Reveal visant à améliorer la qualité d’images prises, par exemple des photos de personnes arrêtées.

La police de Calgary a choisi de s’équiper du système NEC. La police de Chicago s’est, elle aussi, dotée de ce système NEC pour 5,4 millions de dollar. L’usage de cet outil, qui a permis de comparer l’image d’un braqueur à 4,5 millions de visages de personnes arrêtés, a conduit à l’arrestation du suspect et surtout sa condamnation.

Cette stratégie, qui consiste à utiliser la reconnaissance faciale pour lutter contre la criminalité, se répand actuellement aux Etats-Unis. C’est le cas de la police Daytona Beach en Floride. C’est aussi le cas de la police de Steattle.

L’avènement d’une vidéosurveillance (enfin ?) "intelligente"

Une ville indienne, Surat dans l’Etat de Gujarat, a choisi pour sa part de combiner ce logiciel NeoFace Reveal avec son système de vidéosurveillance. L’objectif est d’opérer une reconnaissance faciale en direct. Pour ce faire, cette ville « intelligente »  s’est équipée de NeoFace Reveal et d’un autre outil fourni par NEC, NeoFace Watch for Live CCTV surveillance.
Il s’agit d’un système qui permet de comparer les visages identifiés dans la rue avec ceux figurant dans une liste donnée. Selon le commissaire de police de la ville, ce système, capable de donner l’alerte en cas de concordance, a vocation à permettre rapidement la résolution des crimes.

Cela dit, le cas n’est pas  isolé. Des villes de l’île Maurice s’étaient déjà équipées de ce type de système. 
Quant à la ville de Buenos Aires, elle entend doter ses lampadaires d’ampoules LED. L’objectif est environnemental et économique : réduire de 50% la facture énergétique. Il est aussi sécuritaire : mieux éclairer les visages, facilitant ainsi le travail des outils de reconnaissance faciale en direct.

Il faut dire que ce type d’outils a le vent en poupe. Ainsi, Panasonic vient d’équiper une bibliothèque d’une université américaine, la New Jersey Institute of Technology.
Le but ? Empêcher les intrusions intempestives et prévenir le vol. Fait notable, ce système, qui identifie les visages et les compare, ne le fait pas à la base de données rassemblant les visages des étudiants.
Il est directement connecté à une base de données contenant un million de personnes blacklistées, alimentée par la police.

Sécurité ou surveillance ?

Les fabricants de logiciels se multiplient. C’est le cas par exemple de Viseum qui développe un système intégré combinant un outil de détection et un outil de comparaison connectable à plusieurs bases de données.
De son côté, la compagnie anti-virus AVG vient tout juste de dévoiler ses lunettes anti-reconnaissance faciales. Ces lunettes ont été inventées pour éviter les déboires causés par certaines photos publiées sur Facebook doté lui aussi d’un outil de reconnaissance faciale dénommé DeepFace. Elles pourraient faire également office de parade (peu discrète il est vrai) aux systèmes de vidéosurveillance intelligents.

Au final, les discussions à la fois éthiques, juridiques et économiques relatives à la vidéosurveillance n’en finissent pas de se renouveler au gré des évolutions techniques. Par exemple, une polémique a éclaté concernant l’usage par la police de Boston d’un outil de reconnaissance faciale lors d’un festival.
Le problème est que personne n’était au courant, ce qui pose un problème de respect des lois relatives à la vie privée. Cette affaire soulève également de manière aiguë la question de la surveillance de masse.

Une vidéosurveillance encore plus "intelligente" avec la reconnaissance comportementale


Si les enjeux de la vidéosurveillance se déplacent à présent sur la reconnaissance faciale, ils pourraient également se concentrer sur les logiciels de reconnaissance comportementale.
 AISight développé par BRS Labs promet à ce sujet d’identifier un comportement anormal et de déclencher l’alerte. 
Ce système pré-programmé est doté d’une intelligence artificielle apte à apprendre de son environnement. L’objectif est d’être capable de surveiller par lui-même un lieu donné, par exemple une centrale nucléaire. Il s’agit d’anticiper tout comportement anormal, qu’il soit terroriste ou criminel.

La ville d’Atlanta s’est dotée de cet outil. Connecté à son réseau de vidéosurveillance, le logiciel scrute, analyse et détecte tout comportement potentiellement dangereux dans le réseau de transport de la ville.

Le monde de la science fiction n’est plus à nos portes. Nous y sommes déjà.

A suivre donc.


Article écrit par securiteinterieure.fr


A lire sur securiteinterieure.fr :


A voir aussi sur BugBrother :



A lire sur le site Laurent Mucchielli.org le fil des articles sur la videosurveillace et sur les fichiers


Et pour aller aller plus loin lire l’article de:

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